Je n’ai rien trouvé de mieux pour vous décrire l’histoire de cet incroyable lieu qu’est le mausolée du Taj Mahal que de partager avec vous un extrait du livre Une passion indienne de Javier Moro qui conte la vie de la princesse de Kapurthala. Mon style n’égalera jamais le sien donc je me contenterai de revendiquer la paternité des photos qui suivront l’extrait…

(Et oui, c’est vrai, je lis beaucoup de livres ayant trait à l’histoire et à la culture indienne en ce moment mais je suis mordue !)

Première partie, chapitre 9 : 

« C’est un empereur moghol appelé Chah Djahan qui eut l’idée de concevoir ce mausolée en l’honneur de la femme dont il était tombé follement amoureux. Le Taj Mahal dégage une sérénité majestueuse, une sensation de beauté immortelle qui ne laisse personne indifférent. « Un empereur tomba amoureux d’une fille qui devint son impératrice… Ca te dit quelque chose ? » demande malicieusement Mme Dijon. Anita sourit en pensant au rajah.

– Continue, raconte-moi cette histoire…

– La légende raconte qu’un matin, au bazar du palais, ses yeux se fixèrent sur elle. Elle était très jolie et ressemblait à une miniature perse, assise à son étal, entourée de soieries et de colliers. Le prince s’approcha. Il lui demanda combien coûtait un morceau de verre taillé qui brillait au milieu d’un tas de pierre. « Ca ? Tu n’as pas assez d’argent pour le payer ! C’est un diamant ! » lui répondit-elle. La légende raconte que Chah Djahan lui remit alors dix mille roupies, ce qui représentait une somme énorme. La jeune fille était bouche bée. Nul ne sait s’il avait été séduit par son aplomb ou par sa beauté. Il la courtisa pendant plusieurs mois et finit par l’épouser. Il lui donna le nom de Mumtaz Mahal, « élue du palais ».

– Et alors ?

Anita est impatiente de connaître la fin de l’histoire.

– Que veux-tu savoir d’autre ? Elle devint son impératrice et sa conseillère. Elle gagna le coeur des pauvres car elle intercédait toujours en leur faveur. Les poètes disaient que la lune se cachait lorsqu’elle paraissait, tant sa honte était grande en présence de l’impératrice. L’empereur discutait avec elle de toutes les affaires de l’Etat et, quand les documents officiels étaient rédigés, il les envoyait au harem pour qu’elle y pose le cachet royal.

– Au harem ? demanda Anita, intriguée. Comment pouvait-il avoir d’autres femmes s’il était amoureux d’elle ?

– Les empereurs peuvent avoir toutes les femmes qu’ils veulent, mais il y en a toujours une qui prend leur coeur.

– Ah ! soupire la jeune femme, comme si cette explication pouvait conjurer ses craintes.

– Après dix-neuf ans de mariage, elle mourut en accouchant de son quatorzième enfant. Elle avait trente-quatre ans. On raconte que l’empereur porta un deuil rigoureux pendant deux ans. Il ne mettait plus ni bijoux ni costumes somptueux, ne participait plus aux fêtes, ni aux banquets et n’écoutait même plus de musique. La vie n’avait plus de sens pour lui. Il céda à ses fils la conduite des campagnes militaires et se consacra à ériger ce mausolée à la mémoire de sa femme. Le nom, Taj Mahal, est un abrégé du nom de l’impératrice. On raconte que, sur son lit de mort, elle lui avait murmuré l’idée de faire construire un monument « au bonheur partagé ». Ils sont maintenant ensemble dans une crypte sous la coupole blanche.

Le fait que ce monument, symbole suprême de l’amour d’un homme à une femme, ait été érigé par quelqu’un dont la religion l’autorisait à partager l’amour avec plusieurs femmes, était sans aucun doute contradictoire. Mais, comme l’avait déjà appris Anita, l’amour ne connaît ni frontières ni tabous, ni races ni religions. »